Charte de la société de gilles Les Commerçants – La Louvière
Préambule
Librement, tu as sollicité ton admission au sein de la Société de Gilles « Les Commerçants » de La Louvière pour danser le gille avec les autres sociétaires. Tu as ainsi fait le choix d’être le reflet vivant et le garant des traditions folkloriques du gille et du carnaval louviérois afin de transmettre aux futures générations, non seulement ses us, ses coutumes et ses instants privilégiés, mais aussi ses codes et ses règles.
Accepté par le Comité d’admission, tu en es devenu membre à part entière, peu importent ton âge, ta situation sociale et tes convictions personnelles.
En conséquence, tu t’engages à accepter les Statuts de la Société, à respecter la Charte de l’Amicale des Gilles et des Sociétés folkloriques de La Louvière Centre, en particulier les articles 7 à 16 et 22, ainsi que la présente Charte de ta Société.
De façon générale, il convient de te rappeler que tu as fait le choix de porter le costume du gille. Cet état offre certes beaucoup de plaisir, mais il implique aussi des contraintes, en particulier de renoncer à certains comportements inadéquats. Le respect des préceptes qui vont suivre ne sera pas toujours une tâche facile tant l’une ou l’autre dérive peuvent te guetter à tout moment. Il t’appartiendra de prendre sur toi pour ne pas y succomber.
Article 1 – De l’esprit sociétaire
Tu mettras tout en œuvre pour favoriser l’esprit sociétaire, la camaraderie et la convivialité entre tous les membres de la Société.
Tu n’oublieras jamais que c’est l’amour du gille et l’amitié qui réunissent les gilles de la Société. Tu contribueras donc à favoriser la cohésion entre tous les membres. En particulier, tu seras attentif aux plus jeunes, ainsi qu’aux nouveaux gilles.
Tu feras également le premier pas pour rencontrer les tamboureurs et les musiciens qui font partie intégrante de la société. Sans eux, tu ne serais jamais un gille ; la réputation de ta Société est aussi fonction de leurs compétences et de la manière avec laquelle ils exercent leur art.
Il est évident qu’« être gille » est aussi incompatible avec toute violence interne ou externe à la Société ; elle sera donc prohibée et, si besoin était, ta présence en son sein serait instantanément remise en cause.
Quant à ta participation aux assemblées générales et aux autres activités organisées par la Société, elle sera vivement souhaitée tout au long de l’année. En effet, pour un Sociétaire digne de cette qualification, le temps du nouveau carnaval débutera toujours à l’issue de la dernière assemblée générale postcarnavalesque.
Article 2 – De la tenue et du costume
Tout au long du temps du carnaval, la Société se distingue en formant un ensemble homogène et cohérent.
Pour y contribuer, tu mettras un point d’honneur à vêtir un costume de bonne tenue lors de la soumonce costumée.
Pendant les trois jours du carnaval, tu seras particulièrement attentif à respecter le célèbre costume du gille et à le porter fièrement. Pour le port de la barrette, tu éviteras que les cheveux soient visibles. Le moment venu, tu porteras également le masque en respectant son aspect hautement symbolique. Dans la mesure du possible, tu te couvriras du chapeau pour donner au personnage du gille toute sa majesté. Lorsque le temps sera incertain, tu le mettras au moment jugé opportun par le Président.
D’un geste amical, tu n’hésiteras pas à apporter discrètement ton aide à un autre membre pour que lui aussi soit correctement vêtu (remise en place du bridon, prise en charge du panier lors du repositionnement de la bride du chapeau, etc.).
Article 3 – De la danse et de l’attitude
Lorsque les tambours joueront, tu danseras le gille en silence selon sa vraie cadence, avec sobriété des gestes, aisance et harmonie des mouvements, en brandissant le ramon, son équivalent lors de la soumonce costumée, l’orange ou le panier en osier.
Ton regard et ton sourire seront à tout moment l’expression du contact étroit qui te reliera aux suiveurs venus d’ici ou d’ailleurs. Ceux-ci, tu les respecteras notamment en ne les bousculant pas. Pour les remercier de leur présence et partager avec eux le bonheur de la danse, tu répéteras et transmettras les gestes ancestraux du lancer élégant et délicat du ramon et surtout de l’offrande de l’orange, les jets intempestifs et violents étant interdits.
À tout moment, en particulier lorsque tu occuperas transitoirement la ligne de fond et pendant les rondeaux, tu mettras un point d’honneur à exécuter ta danse selon l’art, sans bousculade, ni saut.
Article 4 – Des déplacements
Dans un souci de discipline librement consentie, tu auras le devoir de te conformer au programme mis au point par la Société, y compris pour ce qui concerne les heures des ramassages et les arrêts cafés annoncés ou éventuellement indiqués par le Comité, par respect des donateurs.
Tout croisement avec une autre société, que par ailleurs tu respecteras, s’effectuera par la droite sur une demi voie de progression et tu te conformeras aux directives des membres du Comité.
Quant au cheminement entre les « airs », il se réalisera toujours à bonne cadence et ce sera à ce moment que tu te dirigeras éventuellement vers la ligne de fond calmement.
Arrivé à un point de chute, tout en restant dans la Société, tu avanceras vers la porte d’entrée et tu n’y entreras que lorsque le dernier coup de mailloche aura retenti. Dès le rappel, tu éviteras de t’y attarder ; en cas de retard, tu regagneras la Société discrètement et par le côté.
Tu effectueras sans précipitation tout mouvement pour la formation d’un rondeau ou pour clôturer ce dernier.
Tu éviteras de déambuler dans la ville en tous sens. Dans la mesure du possible, tu te joindras à une cagnotte « boissons », notamment, pour rester en groupe après chaque « passe » lors des arrêts.
Article 5 – De la sécurité intra et extra muros
Lors des ramassages, tu seras très attentif à respecter les consignes de sécurité qui te seront communiquées, que ce soit aux départs ou aux retours accompagnés par le tambour, davantage encore la nuit.
Autant que possible, tu éviteras tout déplacement seul et sans tambour. S’il t’arrivait de regagner seul ton domicile, tu le feras « discrètement » et prudemment, en particulier vis-à-vis de promeneurs éventuellement malveillants.
Selon la tradition, tu seras de retour chez toi avant le lever du soleil, y compris le mercredi matin.
Article 6 – De la dignité
Pendant les soumonces, comme durant les trois jours du carnaval, tu resteras digne et feras preuve de sobriété, tout état d’ébriété étant proscrit.
Au sein de la Société en mouvement, tu n’utiliseras aucun système de communication mobile, tu ne fumeras pas, tu ne mangeras pas et, sauf circonstances atmosphériques exceptionnelles, tu ne boiras pas.
Lors des arrêts, autant que possible, tu ne t’assoiras pas. Tu ne retireras aucun élément du costume du gille, en particulier le bridon et la barrette, si ce n’est dans un endroit discret et non visible de l’extérieur. Tu ne danseras pas sur des airs diffusés dans les cafés.
Enfin, l’accès aux manèges, revêtu du costume du gille, est interdit.
Article 7 – Du parrainage et de l’accueil
Conformément aux statuts de la Société, tu pourras parrainer l’un ou l’autre candidat.
S’il est accepté, il t’appartiendra de l’encadrer et de lui expliquer cette Charte pour veiller au respect des principes énoncés. Si besoin est, tu n’hésiteras pas à solliciter les conseils d’un « ancien ».
En particulier si le nouveau membre est un « petit gille », il te reviendra, notamment, la tâche de lui apprendre le geste de l’offrande de l’orange.
Article 8 – Du Comité
Enfin, n’oublie jamais que les membres du Comité ont accepté librement et bénévolement de consacrer beaucoup de temps à la mise en valeur de ta Société. Observer leurs directives, qui résultent de l’application de décisions prises en assemblée générale, constitue la garantie d’un épanouissement collectif rigoureux.
En conclusion
Tous ces préceptes ne sont que quelques règles de bon sens pour te permettre, ainsi qu’aux autres membres, de découvrir, de vivre et de partager des moments extraordinaires.